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Pour orchestre, trio de jazz, quatuor à cordes, quatuor de saxophones, deux violons solos et clarinette solo.

Compositions de Bach, Stravinsky, Caine et Weill

Depuis son apparition, au début du vingtième siècle, le jazz a entretenu avec la musique savante occidentale des rapports parfois étroits.
Les compositeurs du début du siècle ont presque tous puisé dans cette musique toute nouvelle des ressources de rythme et de couleurs nouvelles, dans le même temps que les jazzmen trouvaient, dans la musique écrite, tout l’arsenal harmonique dont ils avaient besoin. Les histoires de ces deux grands courants ne se confondent pourtant pas, mais certains compositeurs sont emblématiques de la perméabilité de la frontière qui les sépare.

Dans ce programme, nous avons choisi Bach et Stravinsky, car ils sont chacun à sa manière, de grands inspirateurs du jazz. N’oublions pas, en outre, que Bach a été un modèle pour Stravinsky, qui, à son tour, a souvent intégré l’influence du jazz dans sa musique.

Stravinsky, établi aux USA, écrit en 1945 Ebony Concerto pour l’orchestre de Woody Hermann, cet illustre clarinettiste de jazz des années swing. Écrit pour big band, c’est un concerto grosso (à la manière de ceux Bach) avec l’instrumentation et la coloration du jazz. Loin d’être un pastiche, ce divertissement sonne avant tout comme du Stravinsky, ce Picasso de la musique.

Uri Caine, grand pianiste de jazz américain actuel, a enregistré plusieurs disques dans lesquels il explore certains compositeurs classiques. Parmi ces productions, Les variations Goldberg, d’après Bach, ont fait date pour l’audace des arrangements. C’est de cet album qu’est tiré Jaybird lounge variation. Il ne s’agit pas ici de « jazzifier » un morceau du Cantor de Leipzig, mais de se réapproprier son héritage dans un jazz moderne.

L’Art de la fugue, écrit par Bach au soir de sa vie, pousse à un degré de perfection l’art du contrepoint. Sans en préciser l’instrumentation, il nous en laisse le choix. Nous avons choisi le quatuor de saxophones pour en interpréter quelques contrepoints, sans pour autant en faire une interprétation jazz.

Le Concerto pour deux violons BWV 1043 est un monument de la musique orchestrale du Bach de Cöthen. L’interprétation qui sera donnée dans ce programme sera classique, mais on garde en mémoire la version jazz très célèbre qu’ont gravée Stéphane Grapelli et Yehudi Menuhin.

Trois pièces pour quatuor à cordes sont typiques du Stravinsky qui a influencé les musiciens de jazz, par le caractère primitif du rythme de la première, la subtilité de la forme de la deuxième, mais aussi par le raffinement des harmonies de la troisième.

Deuxième improvisation du trio de jazz, cette fois sur Petrouchka de Stravinsky. Ce ballet russe constitue une mine d’or pour des improvisateurs.

Le programme se clôt sur le Scherzo à la russe, que Stravinsky a lui-même arrangé pour un orchestre de jazz au moment même où il écrit Ebony concerto.

Ce programme se plaît à mettre en perspective des formations et des styles de musique très différents, avec un grand souci de cohérence ; cohérence qui naît de l’idée génératrice qui a présidé à l’élaboration de ce concert.