Guillaume Bourgogne est un chef éclectique et à la façon d’El Bulli il prend son temps pour nous concocter des pièces innovantes et raffinées, toujours en prise sur leur temps.
Pour cette dernière trouvaille il s’est adjoint les services de Malik Mezzadri plus connu sous le nom de Magic Malik le flûtiste, compositeur et vocaliste toujours aux confins du jazz et du compositeur Alexandros Markeas. Tous deux sont passés par la Villa Médicis (Certains il y a quelques années avaient contesté, la présence du flûtiste dans cette prestigieuse maison, la représentation de ce soir leur donne une fois encore tort).
Chacun a créé un des deux mouvements qui composent la soirée. Deux écritures modernes et légères. Le quatuor à cordes est poussé dans ses retranchements très loin de ce qu’on peut en attendre, le trio de jazz en apparence très à l’aise complète le tout dans un bel égrégore.
Forcément le Broadway boogie casse les codes pour nous faire entendre une interprétation toute personnelle du ressenti des œuvres du peintre Piet Mondrian. Le tableau “Broadway Boogie-Woogie” date de 1943 et garde toute sa fraîcheur. Le compositeur joue sur les formes et les couleurs et Op.Cit nous les restitue.
Avec Pavage pour l’aile d’un papillon on prend une direction différente . L’œuvre de Magic Malik prend une dimension à structure évolutive au gré du chef. Magic Malik, en bon magicien, ou plutôt sorcier, a prévu des cartes (forcément magiques) que le chef utilise selon son bon vouloir. Ces cartes donnent des consignes de métrique ou de hauteur à l’orchestre qui doit changer de direction à leur présentation, une technique d’écriture en direct parfois déroutante mais qui au final trouve sa voie, innovante et fraîche. Le soutien de Fred Escoffier est très important et le tandem avec la flûte-voix est des plus réussi.
Une des deux belles surprises de la semaine à Lyon.
Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com